La maison paysanne...

La maison Paysanne Oléronaise

Qui fut construite par les anciens du groupe folklorique Oléronais fondé par
André  BOTINEAU

Texte d'André Botineau publié dans la revue "Folklore de France"en 1978

 

Nous avons, dans le numéro cent quarante cinq de "Folklore de France", le premier de l'année 1976, fait paraître dix pages illustrées de photographies dont certaines en couleur, sur les coiffes d'Oléron (Voir costumes). Aussitôt, et sans pitié, nous fûmes  rappelés pour continuer par la description d'un musée que nous appelons "La Maison paysanne oléronaise", et dont nous avions entretenu nos deux amis quelques temps plus tôt.

Cette description arrive enfin, quatre ans après. Vous voyez, ce fut laborieux. Mais c'est à l'image des Charentais que nous sommes. N'avons-nous  pas, entr'autres, comme emblème la "cagouille", ce "lumas" des poitevins, l'escargot "petit  gris" pour... "les autres", ceux de nos copains qui parlent français.

 

la maison paysanne

La cagouille s'en va châp'tit,
Coum' tous les ghens d'Ia Chérente,
A n'attrap' pas d'chaud-feurdit,
A n'fait qu'des courses lentes
Coum' le saintonghais a ménagh' ses pas,
0 ya pas d'dangher qu'o yarriv' d'agâs,
Enteur zeux, oyat qu'ine seule différence,
L'est qu'a la des corn', et qu'li n'en a pas.

Refrain

Via c'qu'est bin compris
sans dir' de mentrie...
(Enteur nous souét dit)!...
Ne vaut ou pas meux qu'o sey lé... que li ?

 

Nous pouvions bien parler de cette maison paysanne, ne fait-elle pas partie de notre ferme, de sa cour, de ses dépendances, "dau quéreu" (endroit généralement vide de construction entre plusieurs maisons et appartenant à plusieurs propriétaires. Ici, comme bien souvent, c'est un espace vide, ni cour, ni jardin, à 'intérieur de  l'enceinte de la ferme, vide de toute culture où s'en donnent à cœur joie les herbes folles),ou poussent "l'ortughe" (l'ortie) et la "lapace" (de son vrai nom Lappa ou Bardasse plante qui devient très haute et aux feuilles gigantesques. Elle donne des fruits appelés "grattons" ou aussi "peigneras"), et où s'affairent maintes bestioles ?

Nous venons aussi de nous  rappeler ces quelques vers, cocasses. Ils sont de notre cher barde disparu Goulebenèze, de son nom Evariste Poitevin... Ce nom, aussi bien que le "châffre" (le surnom ou le sobriquet) n'étaient-ils pas déjà tout un programme ?

Depuis le XVe siècle, l'océan nous abandonne petit à petit, et régulièrement la côte granitique qu'il dévore en Bretagne, et les courants et les grandes houles du noroît restituent ici et jusqu'aux Pyrénées les granits qui se sont usés en roulant dans les profondeurs.

Ils nous arrivent en sable fin, nous donnant une plage superbe sur douze kilomètres de long et les dunes littorales ont englouti sur leur  passage, pendant les XVIIe et XVIIIesiècles, huit petits hameaux qui se trouvaient là. Les "peux'  élèvent leurs chaînes sur la côte ouest; leurs colonnes mouvantes montent, montent... mon Dieu... jusqu'à 'sept  ou huit mètres au-dessus des champs et marais de l'est. C'est... la montagne... pour nos oléronais pourtant bien peu portés sur l'emphase.

La moitié de notre bourg de St-Trojan (La commune actuelle de GRAND-VILLAGE faisait partie de St TROJAN), dont la première église et son petit clocher, et  ces petits villages sont là sous le sable. Il a fallu le  début du XIXesiècle pour que l'ingénieur Brémontier  fixe les landes gasconnes avec les pins et que nous en bénéficions nous aussi.

Sur la montagne (nom donné dans l'île aux dunes), ou "peu(c'est aussi la dune, mais dans un sens particulier. On dit... le peu de ceci, le peu de cela... A la même signification que Puy (Puy de Sancy, Puy de Dôme)) des Renauds  dans un coin de cette forêt oléronaise sentant bon la résine et "l'immortelle" (ou Helichrysum, plante spécifique aux sables poussant en touffes, la tige et les feuilles sont grêles et de couleur gris-vert. Les fleurs sont de couleur jaunepaille et, coupées se  conservent plusieurs années. Odeur acre, très caractéristiqueoù courent le lapin et le sanglier, la commune de Grand-Village-Plage abandonne trois mille mètres carrés à notre groupe folklorique.

vue d'ensemble

Pourquoi ? Pris dans cet "espace vert" et au centre d'un quartier résidentiel, pourquoi ce cadeau à ces chevaliers de la jambe en l'air ?... sans doute parce que, déjà, leur travail précédent laissait bien augurer et que leur désir de bâtir un musée, là, devait être satisfait.

Danseurs, musiciens, haches en main abattirent pins, chênes et autres arbres, et sur leur lancée, apres. avoir "dégringolé" aussi quelques hangars, chais et vielles "bâtisses"  donnés par les Oléronais à travers l'Ile changèrent d'outils et à qui-mieux-mieux, "s'escritmerent"  de la truelle et du marteau.

Les déjhouqués ont voulu bâtir et conserver pour leurs descendants et les touristes du futur, le souvenir d'une de ces vieilles maisons dans lesquelles sont nés leurs aïeux. C'est la reproduction fidèle de ce que l'on pouvait voir dans nos villages, il y a cent, deux cents ans et plus, car leur cœur saignait chaque fois que disparaissait ou était défigurée une de ces vieilles demeures cartéristiques de l'île.

Notre bâtisse est là, les pieds dans le sable, avec ses murs de pierre calcaire, sédiments de l'ère tertiaire, murs bâtis à chaux et à sable, et il n'est guère difficile d'y faire un trou entre deux moellons !      

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