Les coiffes de l'Ile d'Oléron

D'après les recherches d'André BOTINEAU
« A l'aviant  portant  pas  d'sous, d'aut'foué... mais n'en aviant elles, de thiéllés couéffes ! ... et des belles ! »

Nos Oleronaises ont toujours porté quelque chose sur le tête, car il était aussi indécent " bien plus, sans doute" de se monter autrefois nu-tête, que maintenant sans culotte.
Si vous veniez tôt le matin et bien que vous soyez un membre de la famille la femmedécoiffée vous accueillait par ces paroles : « espérez in moumagri jhe seu en jh'veur » (attendez un moment, je ne suis pas coiffée (1)).

Par sa coiffe, l'Oléronaise laisse entendre qu'elle est jeune ou vieille, pauvre ou plus ou moins aisée, qu'elle passe un moment heureux de sa vie ou bien qu'elle est en deuil ou en demi-deuil. 

Madame, donc, après avoir retiré son bonnet de nuit en percale attaché sous le menton et qui renfermait sa chevelure, mouille ses longs cheveux, les lisse à l'eau ou à la vaseline, les tire en arrière, les aplatit sur sa tête fait sa raie au milieu et ses «soles», c'est-à-dire les crans, qui sont de chaque côté de cette raie. Puis elle fait son chignon ou ses nattes. Elle met alors un bandeau de coton blanc sur ses «soles», laissant dépasser sur son front deux ou trois doigts de cheveux. Large de trois ou quatre centimètres, ce bandeau va d'une oreille à l'autre. Deux petits galons, un à  chaque bout, noués ensemble par une «rosette» sur le dessus de la tête, le maintiennent. Si l'on est plus riche, ou seulement le dimanche, le bandeau de coton est remplacé par un velours noir, de même largeur. Ensuite, on met la «résille» (2) de couleur noire en général, pour couvrir les cheveux ou le «serre-tête» qui est une calotte de fine percale blanche, pour ne pas salir la coiffe qui va venir. La tête est prête, quelle que soit la coiffe que l'on portera.

Dans notre ile, les coiffes ont bien changé en l'espace de cent ans et, de Napoléon à la guerre de 1914, les femmes de chez nous s'en sont donné a coeur-joie pour compliquer la vie de ceux qui plus tard, voudraient entre-prendre la description de leurs coiffes.
Sur cent, il n'y en aura pas deux semblables et les raisons en sont multiples : l'âge, la richesse ou la pauvreté, la fierté, le deuil, le demi-deuil, le goût de la cliente, l'imagination de l'ouvrière, feront changer le tulle pour de la mousseline, un petit picot de dentelle pour un rang de tuyaux, une attache de galon pour une bride en mousseline de soie, et les combinaisons se multiplierons ainsi... à l'infini.

Les plus lointains souvenirs en sont ceux que nos mères et nos grand-mères ont pu receuillir auprès de leurs propres mères et grand-mères.
L'on sait, ainsi ce que portaient nos aïeules quand elles mêmes étaient jeunes au temps de Louis XVIII ou de la Première République.
Les femmes portaient alors les «capots»
dont les derniers se sont maintenus jusqu'à la grande guerre.
Qu'elle constance...

La mode ne changeait pas tous les ans. Voyons donc ensemble, de plus près toutes ces coiffes...